Passage difficile pour trois femmes à la Nacelle | « Un état émotionnel encore pire que celui dans lequel je suis arrivée »
Passage difficile pour trois femmes à la Nacelle | « Un état émotionnel encore pire que celui dans lequel je suis arrivée »
Trois femmes qui ont passé plusieurs jours à la Maison la nacelle de Nicolet allèguent avoir vécu de très mauvaises expériences.
J’en suis ressorti dans « un état émotionnel encore pire que celui dans lequel je suis arrivée », a pesté Ingrid (nom fictif) à propos de l’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale.
La femme dans la vingtaine n’y est restée que 13 jours au début de l’année.
Léa (nom fictif), elle, y a passé un peu plus d’un mois avec ses deux jeunes enfants avant de se faire montrer la porte.
« J’aurais aimé qu’elles soient plus indulgentes, car en arrivant là-bas, elles savaient très bien ma situation. J’avais hâte de me remettre sur pied pour leur prouver que j’étais capable de me remettre de ma situation ».
Elle prétend qu’on l’ait expulsé sans lui donner de véritables raisons.
Environ quatre mois après son passage à cet endroit, la femme dans la jeune vingtaine était toujours en colère que son expulsion ait déstabilisée ses enfants.
Léa était ébranlée et démolie lorsqu’elle a appris qu’elle devait quitter au cours des prochaines heures.
Or, elle a tout de même réussi à reprendre ses esprits un bref instant pour leur poser une question.
« D’après vous, ça va leur faire quoi à mes enfants sur le plan affectif ce que vous m’annoncez ? »
Sa question serait demeurée sans réponse de la part des trois intervenantes…
« On se fait regarder de haut »
Quant aux intervenantes qui y travaillent, Ingrid n’a jamais été en mesure de créer un sentiment de confiance avec elles.
Elle a déploré s’être « fait regarder de haut par celles qui sont censées aider à comprendre et passer au travers des émotions ».
« Vous êtes là uniquement pour nous surveiller, nous juger et nous emmener à nous faire sentir encore moins importantes et avec encore moins de valeur ce que nos conjoints nous faisaient sentir », a-t-elle pointé du doigt.
Un cri d’alarme qui n’est pas entendu
Ima (nom fictif), une trentenaire, a passé une dizaine de jours dans ces lieux au début de l’année.
N’allant vraiment pas bien émotionnellement, elle a fait une tentative de suicide dans sa chambre.
Après avoir passé une nuit à l’hôpital et ayant obtenu le feu vert pour en sortir, la Maison la nacelle n’aurait pas voulu qu’elle revienne, et ce, sans explication, selon elle.
« J’aurais aimé qu’elles me donnent les raisons [de mon expulsion] et qu’elles ne me traitent pas comme une criminelle, a fulminé la trentenaire. Au bout du fil, on m’a dit de regarder avec le travailleur social de l’hôpital et de trouver une autre place ».
« Quand on arrive là, on est toutes dans un état de détresse et on est trois à avoir toutes perdues », ajoute-t-elle.
Un code de vie à respecter
Jointe par téléphone, la co-cordonnatrice de la Maison la nacelle, Annie Houle, a indiqué qu’elle ne « pouvait pas commenter des situations particulières par souci de confidentialité ».
« Ce n’est jamais facile et ce n’est jamais le premier choix que l’équipe de la Maison la nacelle va aller vers une fin d’hébergement. Avant ça, il y a des étapes. Chaque femme qui vient ici, on a une responsabilité que la cohabitation se fasse de façon sécuritaire et saine. Il arrive que lorsque le code de vie n’est pas respecté et que ça amène à un certain danger physique ou psychologue pour les autres hébergées, on se doit d’intervenir ».
Quant à l’absence d’explications prétendus des trois femmes à propos de leur expulsion, Mme Houle a répondu que lorsque la direction réalise que le problème qui « prédomine n’est pas la violence conjugale, mais une autre problématique [elles] vont référer [la femme] à une autre ressource plus adaptée ».
« Ça se peut que ça ne fasse pas son affaire, qu’elle ne soit pas d’accord et qu’elle choisisse de ne pas aller à la ressource qu’on lui réfère. Est-ce que la femme le reçoit bien ? Non, pas tout le temps. Ça, j’en conviens », a-t-elle mentionné en parlant de situations que peuvent vivre certaines d’entre elles.
Mme Houle a également fait remarquer que l’établissement n’avait reçu aucune plainte depuis plusieurs années de la part des femmes hébergées.
En parler pour éviter que ça se reproduise
Les trois femmes interrogées ont expliqué qu’elles avaient accepté de raconter leur histoire en espérant que d’autres ne vivent pas de situations semblables à la leur.
« Lorsqu’on arrive là, on est à notre plus bas et c’est dommage qu’elles nous tirent dans le pied en ne nous aidant pas », a déploré Léa en terminant l’entrevue.
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